Sortilèges et Injustice

À l’heure où triomphent les sciences et techniques dans les sociétés dites évoluées, civilisées, on pourrait penser que la sorcellerie est définitivement reléguée dans le passé. Et pourtant ! A la Réunion, comme partout ailleurs, les hauts dirigeants rejettent consciencieusement les pratiques sadiques que certains officient dans le monde secret et sous-jacent de l’occultisme. A qui profitent le crime, peut-on se demander, connaissant les pouvoirs qu’il procure ? Dans certains pays comme le Gabon, la sorcellerie est reconnue et les crimes commis, réprimés sur le plan pénal : « …quiconque aura participé à une transaction portant sur des restes et ossements humains, ou se sera livré à des pratiques de sorcellerie, magie, charlatanisme susceptibles de porter atteinte aux personnes sera puni…». Alors pourquoi en France, l’hypothèse d’actes malveillants, à travers l’invisible, ne sont plus considérés ? Je vous renvoie à la décriminalisation en France par l’édit de juillet 1682 après une longue action juridique du Parlement de Paris. Avant cette décriminalisation, la sorcellerie était considérée par la justice française comme un crime puni par la peine de mort. En 1981 le président Mitterrand a aboli la peine de mort. Mais à ce jour, la France ne rend pas justice face à des mesures injustes qui détruisent des êtres fragiles dans un silence volontaire. Il existe bien des infractions répertoriées qui pourraient englober ces actes délictueux telles que : Administration de substances nuisibles, articles 211-15 ou Manipulation mentale, article 225-16-4 du Code Pénal mais aucune ne précise distinctement des faits de magie noire ou autres sortilèges.

Quel rapport avec notre métier me diriez-vous ?

Sachez qu’à l’ile de la Réunion où j’exerce, nombreux sont les cas de personnes sous l’emprise d’une autre, par le biais d’actes malveillants invisibles. La pratique « des petits bois » se retrouve dans quelques procédures. Elle fait partie d’un sinistre patrimoine local bien connu de toute sa population (Le culte du « vampire de la Réunion » dit Sitarane, en est un sombre exemple). Quelques métropolitains connaissant le sujet ont même été confrontés au problème sur l’île. Difficile d’exposer le sujet ouvertement devant un Juge même si les avocats en ont pleinement conscience. Délicat est le travail de l’enquêteur pour retranscrire ses constatations avec les mots qui ne choquent pas afin de rester dans la crédibilité conventionnelle.

Alors, peut-être faudrait-il cesser de se cacher la face et reconnaître la dangerosité de pratiques occultes dans nos sociétés modernes et les réprimer justement afin de retirer l’aiguille qui tente de détruire la victime.

(Investigations d’un Enquêteur Privé à la Réunion)

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